20 janvier 2022. Thézac - Bazerac
Nous sommes 21 à nous retrouver à Thézac (47), point de départ d’une randonnée de 9km.
Nous cheminons d’abord sur les hauteurs du plateau où la vue porte au loin pour ensuite descendre, après Fontorbe et Pellery, vers la combe de Bazérac : nous y découvrons une fontaine aux eaux cristallines, un vaste lavoir et un puits, à proximité du manoir que nous découvrons au débouché du chemin. Le noyau ancien du bâtiment, de plan carré à l’origine, est daté de la fin du XV° siècle. Le corps de logis est agrandi aux XVII° et XVIII° siècles, avec l’adjonction de la petite bretèche d’angle qui lui donne un aspect défensif.
Durant 30 ans, entre fin XX° et début XXI° siècle, ce manoir fut le lieu d’habitation et de création du peintre Roman OPALKA, artiste atypique de l’art contemporain. Né en 1931 dans la Somme au sein d’une famille polonaise déportée durant la guerre, OPALKA s’était lancé, en 1965, dans une œuvre intitulée « Opalka 1965 / 1 à l’infini ». Le peintre inscrivait inlassablement sur des toiles de même dimension une suite numérique qui constituait le décompte de son existence et figurait le temps de sa vie. Sur son premier tableau, il était parti du chiffre 1 et déroulait depuis les séries de nombres blancs sur fond noir. A partir de 1972, il rajoute 1% de blanc à son noir jusqu’à ne plus peindre, dès 2008, que du blanc sur fond blanc. A chacun de ses tableaux, l’artiste associait un enregistrement de sa propre voix prononçant les nombres, doublé d’un autoportrait. Chaque « tableau compté » n’était que l’élément d’un tableau non fini, et infinissable !
« L’infini n’est pas une adresse, disait-il, c’est quelque chose d’inatteignable ». A Bazérac, pendant 30 ans, Opalka a compté le temps, saisi par l’irréversible et la mort. Le décompte s’achève pour lui le 6 août 2011, à Rome. Dans une interview à « Art Press », il avait expliqué que sa démarche, ce « non-sens de peindre une série de chiffres » était « la meilleure réponse à ce fait qui nous bouleverse tellement : nous sommes condamnés à mourir », avec ce paradoxe qu’il exprimait ainsi : « Je n’atteindrai jamais ma mort, parce que je n’apprendrai jamais que je suis mort ». . .
Mais revenons à notre parcours ! Nous remontons vers le hameau de Mortayroux, où sont rassemblées quelques très belles constructions de pierre. Après une pause-café et quelques gourmandises, nous terminons le circuit en passant encore devant quelques très beaux ensembles architecturaux, notamment à Loullié et au manoir de Trichot, bâti à la fin du XV° siècle, puis agrandi au XVII° et XVIII° siècle.
Cette balade sans grande difficulté nous a permis de côtoyer du patrimoine et d’avoir quelques belles perspectives sur le paysage environnant.
Et merci à Philippe qui a bien voulu prendre quelques photos pour permettre au guide du jour de rester concentrée sur le chemin, afin d’éviter tout égarement intempestif . . . Il y eut malgré tout une petite alerte, mais cela ne dura qu’un bref instant. . .