21 septembre 2023 - les gorges de Landorre.
21 SEPTEMBRE 2023 - Les gorges de Landorre
C’est au pied de la modeste église de la chaire de St Pierre de Cambayrac que commence notre randonnée ; son clocher-mur domine la place et attire tous les regards. Mais l’intérieur recèle un trésor de marbre du XVIIIème siècle dans le chœur et les chapelles ; son retable se classe parmi les plus remarquables retables baroques du Lot. L’histoire évoque le curé Antoine de Folmont qui aurait puisé dans sa fortune personnelle pour faire venir la précieuse pierre d’Italie. Faute d’une seconde cargaison, le luxueux décor ne put être achevé. Ici, l’art baroque se limite au tabernacle, au fronton du chœur et aux rosaces ponctuant l’entrée des chapelles.
En raison d’une météo incertaine , nous ne nous attardons pas et dès la sortie du village, un chemin ombragé s’offre à nous ; d’abord à plat, nous longeons une ancienne truffière puis nous nous engageons en descente sur un sentier vers l’oratoire de st Perdoux niché au creux des rochers . Ce modeste bâti de pierre est annoncé par une croix portant la date de 1821 .Pendant longtemps des pèlerinages eurent lieu ici même pour demander à St Perdoux la pluie lors des périodes de sècheresse ; on l’invoquait aussi pour assurer une naissance facile . Quant au lavoir, alimenté par la source, il était précieux pour les habitants des environs .
D’après la tradition, ce site très ancien porte le nom d’un ermite originaire de Luzech, Perdulphe ou Perdoux ou Pardoux canonisé par la Vox populi. Perdoux voulait être inhumé dans l’église de Cambayrac mais le fut à Luzech sur la colline de l’ Impernal. Le prieur de Cambayrac , se rappelant la volonté de l’ermite, entreprit des recherches pour retrouver son corps . Depuis dans le chœur de l’église de Cambayrac, une châsse dans une niche contient les reliques attribuées au saint. Sur le site de l’oratoire des opérations de restauration eurent lieu en 2015 et 2016 . Trop abîmée la croix en fer a été remplacée en 2015 par une croix en pierre taillée ; le nettoyage du site est assurée par une association locale .
Notre descente se poursuit sur de petits chemins escarpés et plutôt rocailleux . Levant la tête par intermittence , nous profitons de vues sur la vallée de Bourdouyre ; une étrange silhouette, le Rocher des Géants, surveille notre cheminement. Enfin au creux de la vallée un chemin plus large bordé de végétation nous plonge dans un milieu plus frais et quelque peu étrange… Nous sommes dans la vallée de Landorre .
Quel dépaysement ! Nous marchons d’abord à plat sous un couvert végétal parfois surprenant ; en effet la pyrale a fait des ravages et les voûtes des anciens buis recouverts de mousses filandreuses créent une atmosphère très particulière. On se croirait bien loin de toute civilisation !
Bientôt le lit du ruisseau de Landorre borde notre passage. Mais ici, pas une goutte d’eau ! C’est un lit de cailloux, de pierres, de blocs qui, par endroits se révèle puissant et dangereux .On imagine aisément les crues et la violence de ce ruisseau qui ont parfois détruit le chemin de randonnée . Aussi devons-nous franchir des obstacles, changer de rive et tenter de trouver le meilleur passage. Le cheminement s’avère sportif. Blottis dans ce creux, d’imposantes falaises et une jolie grotte nous procurent fraîcheur et tranquillité. Mais peu à peu, nous nous élevons afin d’atteindre une route qui, précédée d’un petit « gouffre »surmonté du panneau « la raie du cul » nous amuse beaucoup … Nous quittons les gorges.
En contrebas de la route, juste avant un pont, nous nous engageons sur un chemin longeant le lit d’un ruisseau à sec lui aussi et, peu à peu, nous avançons dans des espaces champêtres plus ouverts. A hauteur des « Devèses », nous empruntons sur la droite un chemin herbeux qui nous conduit vers le hameau de « La Rouquette » où se dresse l’église Ste Marie- Madeleine de Trébaïx datée du XIIème s .Ruinée pendant la Guerre de Cent Ans, elle fut reconstruite fin XVème et début XVIème ; elle se situait sans doute au même endroit, hors des terres strictement réservées à la Commanderie( voir ci-après) .Dès l’entrée le retable s’impose à nos regards : la crucifixion ne présente que Marie- Madeleine auprès du Christ. Dans la chapelle nord, un vitrail représente St Antoine ( le Grand) assailli par les tentations : sur un culot tout proche, une sirène tentatrice lève son miroir et offre une longue chevelure ; mais afin de le sauver, la Bible tout près de là rappelle les règles de vie ; sur un décor, 2 anges présentent un écu portant le monogramme du Christ ( I-H-S Jésus Sauveur des Hommes) . En face, dans la chapelle sud, se trouve la croix de Malte emblème des chevaliers de l’Hôpital depuis le XIèmel ; cette croix apparaît au-dessus d’un enfeu, sans doute un tombeau de chevalier . Sur la clé de voûte , au centre le Christ porte l’agneau ; à sa droite se tient St Jean – Baptiste patron des chevaliers de l’Hôpital enfin,un autre personnage déroule un parchemin présentant peut-être le règlement de l’Ordre. Cette petite église riche de symboles nous a offert une halte enrichissante.
Nous repartons sur le chemin et, sur la gauche s’offre à notre regard la Tour de Trébaïx , vestige d’une commanderie de Templiers datée du XIIIème siècle ; elle faisait partie de la baylie du Quercy et dépendait alors de Lacapelle-Livron ( près de Caylus). En 1313 cette commanderie , sur décision royale fut transmise à l’ordre des Hospitaliers de St Jean de Jérusalem . Ces ordres religieux ont vu le jour en Terre sainte ( fin du XIème s ; prise de Jérusalem par les Croisés ) ; peu à peu par leur rôle religieux et militaire, ces ordres durent assurer la sécurité des pèlerins et protéger les territoires . Pendant la Guerre de Cent Ans, craignant une attaque anglaise, les consuls de Cahors ordonnèrent au commandeur de doubler la garde de son château de Trébaîx ; on ne sait si ces craintes furent fondées et si la bâtisse fut attaquée… Il semblerait toutefois que cet édifice ait eu une vocation plus religieuse que militaire : elle conserve à l’étage inférieur 2 clés de voûte représentant l’agneau de St Jean et la croix des Hospitaliers.
Sur un chemin de castine, nous passons devant une maison vigneronne authentique « la borie » avec son pigeonnier et son bolet . Longeant les vignes, nous bifurquons à travers bois vers un vallon en haut duquel se dresse le village de Cambayrac. Quelques efforts encore et nous retrouvons ce charmant petit bourg.
Nous étions 24 pèlerins en cette matinée un peu automnale mais nous avons cheminé sans encombres et la pluie nous a épargnés.
Merci à tous et à bientôt pour de nouvelles découvertes !