23 avril 2023 - de Montcabrier à Sauveterre
RANDONNEE MONTCABRIER –SAUVETERRE LA LEMANCE.
Par un temps très incertain, promettant des ondées plus ou moins passagères, notre troupe forte de 20 membres, s’est retrouvée au hameau des Espinards sur la commune de Montcabrier au domicile d’Isabelle et Daniel pour une randonnée initialement prévue pour 19,500 kms et un dénivelé cumulé de 394 m, randonnée qui sera, nécessité oblige, ramenée à 12 kms pour faire face à une météo capricieuse.
Sur des chemins connus seulement de notre guide, traversant quelques parcelles privées avec l’autorisation des propriétaires, nous rejoignons le CD 58 que nous quittons vers le hameau de Barthes et son impressionnante basse-cour avant d’atteindre le lieu-dit Cinq Albres à proximité immédiate de la propriété Loustatou chère à Evelyne.
Traversant châtaigneraies et pinèdes nous arrivons à Sabence avant d’emprunter une sente équestre qui longe selon l’axe est-ouest le ruisseau et la vallée du Sendroux. (Itinéraire plat et boisé que les amateurs de randonnée douce ont eu l’occasion, récemment de découvrir).
Passant devant le camping, aujourd’hui abandonné, du Moulin du Périé, longeant la zone humide formée par le ruisseau du Sendroux, favorable aux renoncules et iris, nous entreprenons notre première montée après une toujours agréable pause-café pour atteindre la Borie Neuve, où les premières gouttes de pluie apparaissent.
Traversant les prairies humides, nous arrivons à Guillouti et son superbe pigeonnier, admirons des arbres remarquables (hêtres, frênes et bouleaux) avant d’obliquer sud-ouest par un chemin ombragé le long d’une dérivation de la Lémance, longeant la voie ferrée Agen-Niversac et passant sous l’usine à chaux du Martinet avant de retrouver le cours principal de la rivière.
Arrivant au pied du château, nous passons devant les anciens fours à chaux au lieu-dit La Forge (batterie de 7 fours au coke, pour la calcination continue à courte flamme (dont il reste des vestiges) d’environ 8 mètres de hauteur et de 1,8 à 2 mètres de diamètre intérieur, équipés à la base de ventilateurs) avant d’entreprendre sous une pluie devenue battante la montée au château de Sauveterre où grâce à la connaissance de notre ami lot et garonnais Gérard, un abri salvateur nous est octroyé.
Autour de cette table improvisée et dans la bonne humeur, nous dégustons quelques spécialités du hameau des Espinards (bière artisanale et fromage de chèvre) ramenées par Isabelle, profitant des explications de Daniel sur l’usine à chaux qu’il a professionnellement bien connue.
Cette dernière, propriété actuelle de la Société LHOIST France Ouest, anciennement Chaux du Périgord, s’étend sur une superficie de 23 ha et produit annuellement 60 000 tonnes de chaux
La chaux est l’un des plus anciens matériaux connus par l’homme dont les principaux domaines d’application sont la construction et l’agriculture.
Le calcaire constitue à l’état naturel le point de départ nécessaire à la fabrication de la chaux. (Calcaire se traduit en anglais : limestone (littéralement ; pierre à chaux)).
La chaux s’obtient par le biais de la calcination du calcaire à une température supérieur à 900°C et il faut 1,8 tonne de calcaire pour produire une tonne de chaux.
Après calcination du calcaire, la chaux obtenue est dite vive (oxyde de calcium). Il est possible d’obtenir de la chaux éteinte (hydroxyde de calcium) en hydratant la chaux vive.
Cette industrie s’est développée à partir de 1863 dans le canton de Fumel avec la découverte et l’exploitation de marnes (composés géologiques de carbonate de calcium et d’argile) à Sauveterre la Lémance par Joseph Rabot, puis à Fumel et Montayral, de part et d’autre du Lot.
Après extraction dans les carrières, la transformation de ce matériau nécessitait des fours pour cuisson, des meules pour concassage suivie de mouture, puis une extinction, en ce qui concerne la chaux hydraulique. A la fin du XIXème, il y eut jusqu’à 11 unités de production sur ce canton, mais les méthodes artisanales de ces usines et l’apparition du ciment artificiel les fit presque toutes disparaître à la veille de la guerre de 14-18. Actuellement il persiste deux usines à chaux près de Sauveterre la Lémance et une à Saint Front.
Grace aux connaissances de Gérard et malgré la pluie battante, nous pouvons admirer par la cour d’une propriété voisine, la forteresse de Sauveterre la Lémance sous un aspect diffèrent.
Celle-ci, a été édifiée pour Edouard Ier Plantagenêt durant le 4e quart du 13e siècle, dans la baillie de Tournon, sur un éperon verrouillant la vallée de la Lémance, afin de mettre en défense l’est de l’Agenais face au Quercy français. Elle fut remise en état après la guerre de Gascogne en 1305. Assiégée et prise par les troupes françaises lors de la guerre de Saint-Sardos, la forteresse est reconquise en 1348 par Edouard III qui la donne à Bernard de Durfort ; elle est finalement occupée en 1432 par les troupes de Charles VII. Devenue résidence seigneuriale à la fin du Moyen Age, un nouveau corps de logis est édifié du côté sud de la cour à la fin du 15e ou au début du 16e siècle, encore habité au 18e siècle, comme en témoigne une baie ouverte en brèche dans la courtine en 1773.
Elle fut achetée par l’aviateur Jean Mermoz en 1935, un an avant sa mort., puis propriété de la commune de Sauveterre jusqu’en 1980 avant d’être vendue à un particulier.
Cet ensemble castral est élevé sur un éperon rocheux, barré par un large fossé défendu par une courtine basse. Le donjon massif à l’est comporte une salle inférieure couverte d’une coupole à pans, et une salle haute voûtée d’ogives à 6 quartiers ; un escalier en vis dans l’épaisseur du mur dessert la plateforme sommitale. Une courtine percée d’archères cruciformes la relie aux autres tours : leur rez-de-chaussée est voûté d’ogives à 6 quartiers, un escalier en vis dessert une salle non voûtée à l’étage. Le logis primitif adossé à la courtine nord, qui conserve une baie jumelée, a été entièrement reconstruit. Le logement seigneurial de la fin du Moyen Age, ruiné, appuyé à la courtine sud, comporte un étage carré desservi par un escalier hors-œuvre en vis.
Le château en totalité, ainsi que son terrain d’assiette et son fossé, font l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par arrêté du 19 septembre 2003.
La pluie ne cessant pas, nous prenons la douloureuse décision d’interrompre notre randonnée devant la colère des cieux.
Les voitures présentes, notamment la « bétaillère » de Daniel, faisant office de transport en commun, réacheminent les randonneurs à leur point de départ, ces derniers jurant d’effectuer in extenso cette randonnée sous des cieux plus cléments.