23 novembre 2023 - Autour de la Vallée de la Masse.
Ce bel après-midi d’automne nous invite à démarrer cette randonnée avec entrain et enthousiasme. Rendez-vous a été donné sur la place des Junies qui, pour la circonstance s’est parée des couleurs chatoyantes de cette saison. Ce joli bourg aux maisons de pierres se niche au creux de la vallée de la Masse, surplombé de part et d’autre par des collines encore couvertes de végétation.
Un peu d’histoire s’impose pour commencer notre découverte des lieux :
« Les Junies » tire son patronyme d’une riche famille de marchands de Cahors, les Jean, à qui l’évêque de Cahors, Guillaume de Cardaillac (1208-1235) a légué « la terre des Canourgues », ancienne seigneurie épiscopale en 1214 . Ce territoire s’est d’abord appelé les Joanies (ou Johannis) avant de prendre le nom des Junies .
Au siècle suivant, le cardinal Gaucelm de Jean (ou de Jehan), neveu du pape Jean XXII, y a implanté un monastère de dominicaines qui sont restées en ces lieux jusqu’à la Révolution. Le couvent a souffert des guerres de Religion mais subsistent aujourd’hui l’église, deux ailes qui entouraient le cloître et abritaient la salle capitulaire, le logis de la prieure et le réfectoire.
Pendant la guerre de Cent Ans (1337- 1453), les de Jean, seigneurs des Junies ayant pris le parti du roi d’Angleterre et ayant ravagé les places fortes des environs restées fidèles au roi de France ( les Arques, Lherm, Castelfranc, Bélaye, Puy-l’Evêque…)firent l’objet de représailles . Ainsi, en 1368, le roi de France fit assiéger le château des Junies occupé par des compagnies anglaises ; ce dernier fut en partie démoli et ruiné.
Le château actuel fut reconstruit vers 1500 englobant l’ancien château. De plan rectangulaire, il est encadré par deux tours rondes au sud- ouest et une 3ème au sud-est ; il a été inscrit au titre des Monuments historiques le 21 octobre 1925.
Quittant ce lieu chargé d’histoire, nous franchissons la Masse et au lieu- dit les Verdus nous empruntons un sentier pentu qui nous conduit jusqu’aux Pradiés. Nous voilà sur les hauteurs et c’est sur une petite route goudronnée et sur un chemin à l’orée d’un bois que nous allons de hameau en hameau (le Ségala, les Bordes, les Broutous ) au milieu de prairies entourées de bosquets ; des points de vue sur les vallons voisins laissent deviner un habitat dispersé, souvent ancien. Aux Broutous, par un chemin herbeux nous descendons vers les Ardennes où se niche une très ancienne maison bien restaurée avec ses cheminées en lauzes et son four à pain ; nous admirons l’ensemble à travers les arbres pour ensuite rejoindre une sente qui nous conduit à la D 45 . A nouveau nous passons sur un pont et évaluons l’importance du débit de la Masse suite à ces dernières pluies d’automne.
Puis c’est la montée vers Canourgues et l’arrivée dans ce joli hameau groupé autour de la petite église St Martin (inscrite Monument historique en 1973) . Un arrêt s’impose ici. Cet édifice date de la 1ère moitié du XIIIe siècle et appartenait alors aux chanoines de la cathédrale de Cahors. Comme dit ci-dessus, en 1214, avec les terres, l’église fut cédée à Bertrand de Jean en récompense de son soutien pendant la croisade des Albigeois. C’est une église de tradition romane à nef unique, avec un chœur carré à contreforts enveloppants et un chevet agrémenté de nombreux modillons.
Les décors du chœur et de la nef, partiellement dégagés dans les années 1980, sont datables de la fin du XV ou début du XVI siècle : on devine une vierge dans la nef et un cycle de la Passion dans le chœur. Ce sont 14 scènes du nord au sud et de haut en bas qui illustrent la Passion du Christ depuis son arrestation, ses comparutions, sa flagellation, enfin sa crucifixion et sa mise au tombeau. Un campagne de restauration en 2016- 2017 a permis de remettre en état la couverture du chœur, de dégager les décors et d’assurer leur consolidation dans l’attente d’une véritable restauration.
Après ce moment de découverte (un parmi tant d’autres dans notre Quercy !) nous repartons vers Conté puis rejoignons la D 37 avant d’emprunter un chemin forestier qui, sous le couvert de chênes, pins… nous conduit près du Pouget ; enfin par un étroit sentier nous plongeons dans la vallée et rejoignons les Junies avec ses belles maisons et ses jardins aménagés avec goût.
Grâce à une météo particulièrement clémente, chacun a pu profiter pleinement de ce bel après- midi. Merci à tous et à bientôt pour d’autres découvertes …