26 juin 2021, Caylus

Nous sommes 19 (13 issus du club de Rando Val, 4 du club voisin de Caminar et 2 amis lot et garonnais) à répondre à l’appel du chevalier Henri de Lagardère pour arpenter les fossés de Caylus à la recherche de l’infame Philippe de Gonzague et de la belle Aurore de Nevers (selon le livre de Paul Féval « Le Bossu »).

Caractéristiques techniques de la randonnée : 20,560 kms – dénivelé cumulé : 411 m.

Le départ de la randonnée s’effectue en bas de la ville, dans les fameux fossés à proximité de l’écomusée au bord du cirque de Labarthe.

Nous empruntons, cap au sud, le GR 46 qui par une sente ombragée nous fait gravir en douceur la Coste Jalade avant d’arriver à l’église désaffectée de Saint Amand le Vieux, où nous rejoint une joyeuse bande de randonneurs novices (4 familles et leur nombreuse progéniture dont le plus jeune n’a pas 5 ans) très étonnée de trouver des papis et des mamies randonneurs.

Après la pause-café dans le calme revenu, nous continuons sud-ouest vers le petit dolmen de Lasartières, avant de remonter plein nord par un chemin empierré, et de traverser la D 926 pour gagner les faubourgs ouest de Caylus.

Au lieu-dit « le Bout de la Côte » sous une croix monumentale, se découvre en contrebas la ville de Caylus, repliée autour de son ancien château dont ne subsiste que la tour carrée du XIIIème siècle, des vestiges de ses remparts et de son église Saint Jean Baptiste.

La nef de l’église est édifiée au cours du XIIIème siècle, le chœur a été agrandi et transformé au XVème siècle (rare ensemble de verrières). Jadis en plaques de plomb, la couverture de la flèche de la tour-clocher est remplacée en 1739 par des dalles de tuf. En 1954, le monumental Christ du sculpteur Zadkine (5.50 m de haut) taillé dans un seul bois d’orme est placé dans la nef.

Toujours cap au nord en suivant le GR 46, nous arrivons à la limite Sud du camp militaire qui s’étend sur plus de 5000 hectares sur le causse du Quercy entre Lot et Tarn et Garonne, puis nous obliquons plein est et entreprenons la descente, certains par un escalier escarpé reliant la grotte du père Palau au sanctuaire de Notre Dame de Livron, lieu de notre pose méridienne, d’autres par le « chemin des anges » passant devant un magnifique pigeonnier transformé en chambre d’hôtes.

La légende de Notre Dame de Livron mérite d’être contée (brièvement). Au Moyen Age, un dragon hideux et monstrueux semait la terreur et la mort dans la région. Son repaire était une grotte dans le fond de la vallée.
Le chevalier de La Gardelle, de l’ordre des Templiers, issu d’une famille caylusienne, prit la résolution de combattre la bête. Tous les caylusiens prièrent la Vierge de le protéger, et firent le vœu, en cas de réussite, d’élever une chapelle en mémoire de cette délivrance (d’où Livron). La bête fut tuée. On commença la construction d’une chapelle sur les hauteurs environnantes, lieu plus sain que le fond de la vallée. Plusieurs fois de suite, les ouvriers retrouvaient le lendemain, au fond de la vallée, leur ouvrage de la veille. Les anges guidés par Notre Dame avaient transporté, la nuit, les matériaux là où la bête avait été tuée (d’où l’appellation de « chemin des anges ». Finalement la chapelle fut construite au fond de la vallée, lieu désigné par la Vierge.

Courant XIème siècle, le sanctuaire fut construit par les Bénédictins de Saint Antonin, à cette époque il était déjà un lieu de pèlerinage renommé. Il supporta stoïquement la croisade des Albigeois, la guerre de cent ans, les guerres de religions et la révolution.
En 1846, le père Palau, carme espagnol, venu près de Livron pour y vivre en ermite, acheta quelques terres autour du sanctuaire et construisit un ermitage.
C’est dans le jardin de ce dernier que les carmélites catalanes, qui gèrent toujours ce havre de paix, nous ont autorisés à pique-niquer, au bord du Livron, dont l’eau bienfaisante soulage la fatigue.

Pause terminée, nous suivons le Livron. De sa source au sanctuaire jusqu’à la confluence avec la Bonnette après la cascade pétrifiante, son cours dépasse à peine le kilomètre.

Toujours cap au nord, nous poursuivons sur le GR 46, laissant le Livron, passant à proximité du château Mondésir reconverti en colonie de vacances, avant, par un sentier arboré, de retrouver le plateau et la délicieuse chapelle de Notre Dames de Grâce dans la solitude du plateau quercynois.
Cette chapelle, isolée et posée sur le rocher au lieu-dit « Pech Jonquières » surplombe la vallée de la Bonnette. Cette modeste construction est une fondation funéraire privée construite fin XVème par Catherine de Gorsse. Ce lieu servira de sépulture pour les membres de la famille de Pause de Mondésir jusqu’à une date indéterminée.

A l’entrée du village de Lacapelle-Livron, nous passons devant la petite chapelle saint Jean construite en 1666, par les Hospitaliers de Saint Jean, avant d’apercevoir l’ancien lavoir à la charpente recouverte de lauzes et l’église paroissiale Saint Sauveur, ancienne chapelle des Chevaliers du Temple (XIIIème siècle) dont les dimensions témoignent de l’importance de l’ordre au moyen-âge.

Empruntant des calades pavées, nous descendons vers la Bonette (rivière qui servait de frontière entre le Quercy et le Rouergue), longeant la D 97 sur 2 kms, avant d’apercevoir la fameuse cascade pétrifiante point final du cours du Livron.

Cette cascade en perpétuelle évolution est constituée de tuf ou travertin, roche issue de la précipitation du calcaire dissous dans l’eau, qui se dépose sur les mousses et les végétaux qui tapissent le fonds des cours d’eau et peuvent constituer de véritables monuments naturels.

A noter pour les passionnés de géologie, que la vingtaine de mètres du lit du ruisseau issu de la cascade pétrifiante entre le pont de la D97 et son confluent avec la Bonnette sont littéralement encombrés de boules stromatolithiques qui n’ont rien à envier à leurs célèbres analogues de la Baie des Requins (Shark Bay) en Australie. Le confluent est lui-même souligné par un barrage karstique.

Agréable vision que cette cascade rafraichissante, peuplée de quelques naïades locales, avant d’entreprendre une rude montée le long des anciens moulins à eau du Livron qui s’étagent le long de la cascade.

Au XIXème siècle, on dénombrait 14 moulins, répartis sur ce cours d’eau d’à peine 1 km de long ! Ils étaient disposés de manière plutôt inhabituelle : le débit sortant d’un moulin alimentait directement le suivant, sans retourner à la rivière. L’eau transitait ainsi d’un moulin à l’autre grâce à un système de chenaux enterrés ou aériens dont certains sont toujours visibles aujourd’hui. Ce système, rendu possible par la forte pente, était néanmoins source de conflits entre les différents propriétaires de moulins.

Traversant le village de Saint Pierre de Livron, nous reprenons cap au sud un chemin ascendant, bordé de croix (souvenirs des templiers) avant d’entreprendre la descente sur Caylus par le chemin du Paradis. Nous traversons la place de la Halle et la rue Droite, admirant la « maison des Loups » (façade du XVIème siècle avec un abondant décor sculpté de l’étage (fauves, têtes humaines) et 4 loups jaillissant de la façade tels de fausses gargouilles). Nous finissons, après un détour par l’église Saint Jean Baptiste afin de contempler le fameux Christ de Zadkine, à l’ombre d’une terrasse devant une boisson rafraichissante et après un léger détour impromptu nous rejoignons nos véhicules.

Fin de voyage et retour dans nos pénates, prêts pour de nouvelles aventures.

Portfolio

Saint Amans le Vieux Caylus Caylus la grotte du père Palau la source du Livron Sanctuaire Notre Dame de Livron Notre Dame de Grâce Chapelle Saint Jean Chapelle des chevaliers Lacapelle - Livron La cascade pétrifiante Caylus, la rue droite Caylus, la maison des loups le Christ de Zadkine