27 octobre 2024 - Lémance et Briolance.

Randonnée entre Lémance et Briolance
27 octobre 24

C’est sous un ciel gris et bas que nous nous retrouvons à Sauveterre La Lémance. Nous sommes 19, sous la conduite de Daniel, pour un circuit de 10 km jusqu’à Saint-Front : c’est là que nous piqueniquerons avant de reprendre le chemin du retour vers Sauveterre, pour 10 km de plus !

Premier point d’intérêt : les ruines de la chapelle Saint-Martin à Veyrines, ancienne église paroissiale de Blanquefort. De cet édifice du Moyen-Age ne subsiste aujourd’hui que la façade occidentale, surmontée d’un clocher pignon percé de deux arcatures plein cintre. Récemment, un autel a été édifié face au clocher, en plein air, pour des cérémonies à ciel ouvert…

Nous poursuivons notre marche sur de beaux chemins en sous-bois qui nous mènent jusqu’à Blanquefort sur Briolance, deuxième point d’intérêt de notre périple. Un peu à l’écart du village se tient l’église Notre-Dame dont le début de la construction remonte au XIIe siècle. Ne restent de l’église romane que la nef et le chevet avec sa couverture de lauzes et ses métopes perforées. Sur un modillon, on aperçoit des pommes de pin, symboles d’éternité : en effet, leurs graines, protégées, peuvent résister aux incendies… Au niveau du clocher sont encore visibles des perforations qui rappellent que souvent les murs des églises servaient de pigeonniers pour récupérer la colombine, déjection fertilisante. Le village vers lequel nous descendons est dominé par son château du XIIIe, remanié au XVe, avec construction de la grosse tour ronde, certainement due à Bérenger de Roquefeuil, Seigneur et Maître de Bonaguil. Cette tour présente 3 larges bouches à feu à double ébrasement, dont on retrouve le même style à Bonaguil. La littérature nous apprend que cette tour est criblée à l’intérieur de trous de boulin à usage de pigeonnier. Le reste de la bâtisse a été édifié au XVIIe. Et de la fin du XIXe siècle aux années 60, le château a été la mairie et l’école du village. C’est désormais une propriété privée dont les propriétaires assurent la restauration depuis des années.

Après la pause-café, assortie de moults gourmandises, dont le désormais célèbre et incontournable pain d’épice d’Éric, nous reprenons la route vers le village de Saint-Front, au confluent de la Lémance et de la Briolance. C’est le troisième point d’intérêt de notre balade. L’église romane a été construite au début du XIIe. A l’extérieur, ce qui reste de l’époque se limite au chevet trilobé, à métopes perforées, surmonté d’une fortification et d’une tour de guet avec des bouches à feu érigées au XVe siècle. A l’intérieur de l’église, la double arcature du chœur, unique dans la région, témoigne de la richesse du prieuré qui dépendait, comme Cuzorn et Monsempron, de l’abbaye Saint Géraud d’Aurillac.

Après la visite de l’église il est temps de passer aux choses sérieuses avec le traditionnel apéritif randovalien et les multiples douceurs partagées en dessert !

La randonnée s’achève ici pour certain(e)s. Cependant l’essentiel de la troupe poursuit le chemin après le pique-nique pour revenir vers Sauveterre. Mais c’est une autre histoire que vous conte Philippe :

Après la pause méridienne, certains départs et arrivées, d’où l’intérêt des randonnées modulables, nous sommes 14 à reprendre la route depuis la place de l’église de Saint Front sur Lémance.
Passant devant l’usine à chaux de Sarmes, rare rescapée de la mondialisation, nous écoutons les explications de Daniel sur l’industrie de la chaux, précisant qu’elle s’obtient par le biais de la calcination du calcaire à une température supérieur à 900° et qu’il faut 1,8 tonne de calcaire pour produire une tonne de chaux.
Après extraction dans les carrières, la transformation de ce matériau nécessitait des fours pour cuisson, des meules pour concassage suivie de mouture, puis une extinction, en ce qui concerne la chaux hydraulique.

Puis, nous nous engageons dans des petits chemins herbeux, suivant partiellement le GR©36, avant d’atteindre le hameau de Lastreilles, remarquant au passage la fontaine Saint Romain au détour du chemin.
Cette fontaine, à laquelle on accède en descendant une dizaine de marches, se trouve au bord du vieux chemin reliant l’église au village. Ce sentier passe au pied du promontoire où se dressait l’ancien château de Lastreilles, détruit à la Révolution et dont il ne reste que quelques murs de soutènement.

Lastreilles, ancienne paroisse rattachée à la commune de Saint-Front sur Lémance, était autrefois un village actif. Eglise, château, école ... structuraient ici la vie rurale et la rendaient autonome par rapport au bourg voisin.
Le vieux village garde quelques maisons remarquables, comme un manoir du 16ème siècle devenu bâtiment d’exploitation ou une maison renaissance partiellement délabrée mais ornée d’une remarquable Rose du Quercy.

La Rose du Quercy est un ornement de pierre apparu dans une chapelle de la cathédrale de Cahors, dans le Lot, en 1484 à l’initiative de l’évêque Antoine d’Alamand.
Le motif sculpté de la rose a déclenché jusqu’en 1560 un phénomène de mode unique, spécifique au Quercy où l’on compte plus de 600 occurrences. Les nobles, les prélats, les bourgeois se sont approprié le modèle pour orner leurs demeures et leurs églises, autour des portes et des fenêtres ou sur le linteau des cheminées. Ces roses de pierre, joyaux peu signalés du patrimoine, ont pour la plupart résisté au temps et jalonnent les chemins touristiques du Lot. Ce sont des chefs-d’œuvre que l’on admire pour leur virtuosité et que l’on comprend mieux parce qu’ils s’inscrivent dans notre histoire. Leur passé nous fait rêver, leur présence nous étonne.

De Lastreilles nous nous dirigeons, cap à l’est, vers les hameaux de Ferrouailles et de Cayrel avant de descendre dans la vallée de la Lemance, remontant son cours jusqu’au ruisseau de Mortarieu.
Prolongeant notre escapade sur des chemins creux, à travers futaies de chênes et de châtaigniers, nous arrivons au hameau de Laborie avant d’entreprendre une rapide descente le long de grasses prairies d’un vert tendre, avec vue sur la forteresse de Sauveterre passant devant l’ancienne école maternelle d’Evelyne avant d’entrer dans le village, connu dans le monde entier pour avoir donné son nom à une période préhistorique précise le Sauveterrien (industries mésolithiques - 8800 à 6500 avant JC), fin de notre randonnée.

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