29 octobre 2023 - Castelsagrat.
Randonnée à Castelsagrat Tarn et Garonne le dimanche 29 octobre 2023
Nous nous retrouvons 25 Randovaliens au parking du Stade de Castelsagrat, bastide située entre Lauzerte et Valence d’Agen. Pour information, Castelsagrat veut dire « château sacré », venant probablement de la présence d’un fortin (castel ) divin et disparu aujourd’hui.
Castelsagrat est située sur l’ancienne voie romaine allant de Lyon à Bordeaux en passant par Agen.
Au parking, nous sommes ravis de réaliser que tous les inscrits à la randonnée ont pu gérer sans problème le changement à l’heure d’hiver dans la nuit précédente.
Le ciel : Temps couvert mais pas de pluie annoncée dans le dernier message météo. Ouf… !
Le sol : souple comme diraient les turfistes car le stade est aussi un hippodrome. Nous partons pour notre « circuit des Enclos » balisé jaune de 8,2 km et un dénivelé de 200 m.
Depuis le lieu-dit « Lapaulerie », nous descendons vers « Pachot » en longeant un premier enclos de chevaux qui ne tardent pas à venir nous saluer. Nous traversons le ruisseau du « Terrié blanc » en laissant sur la droite le haras et centre de thérapie équine de Pachot.
Montée dans les bois, les glands sur le sol roulent sous nos chaussures.
Virage à droite : en vue, un raidillon « équipé en via ferrata », en fait une rampe en bois un peu branlante pour nous permettre de négocier ce passage de 10 m sans encombre.
Une nouvelle descente le long d’un autre enclos puis un pont sur un ruisseau sans eau et remontée dans les bois pour contourner un parc à vaches. Malheureusement celles-ci, repérées lors de la reconnaissance du circuit, ont préféré prendre leur repos dominical… à l’étable.
Nous bifurquons à droite sur la vicinale et essayons de localiser le moulin à vent bien marqué sur notre carte. Certains pensent l’avoir trouvé sans être sûr que les murs découverts étaient celui du fameux moulin. Nous traversons la ferme Brune et prenons à droite un chemin dans les bois qui nous amène au ruisseau de « Brezegues » puis à « Tondes », ferme gite et chambres d’hôtes. Nous attaquons une montée régulière vers « Borde haute ». A gauche une Citroën Dyane bleue a élu domicile dans cette grange et visiblement continue paisiblement sa retraite !
C’est le moment de faire une pause-café en pensant que les quelques gouttelettes reçues sont rien à côté de la tempête qui sévit en ce moment sur la côte Atlantique. Cap sur « le Perrot » et « le Cantal » en longeant d’autres enclos où nous apercevons des vaches normandes et blondes d’aquitaine avec leurs petits dont un commence son déjeuner.
Nous atteignons la peupleraie et son boulevard bien délimité de chaque côté, en ligne droite avec à sa fin, le ruisseau de « Lafongrande » que nous traversons par la route.
Au coin du pont, on aperçoit une voiture, un épagneul, un treillis fluorescent, serait-ce un chasseur à l’arrêt ?
Nous nous écartons du chemin balisé pour aller admirer le double lavoir couvert de « Lafontgrande » avec sa source. A proximité immédiate du village de Castelsagrat, ce lavoir, vu sa taille, devait être très fréquenté par les lavandières, qui comme chacun le sait, entretenaient un certain réseau social tout en effectuant leur dur labeur. L’arrivée de la machine à laver, certainement la plus belle innovation du 20ème siècle, a fait disparaître cette corvée si pénible.
Nous revenons au chemin balisé le long du ruisseau, terrain souple, parfois gras mais pas lourd… et attaquons notre dernière montée un peu coupe-souffle suivi de deux lacets pour retrouver nos voitures à « Lapaulerie » sur le parking du stade. On pense déjà au bon repas du terroir dans le restaurant local le « Café du Siècle » au centre de la bastide.
Mais avant et comme de coutume, nous ne passons pas à côté du traditionnel « apéro randovalien » ! la glacière est là avec les bouteilles aux belles nuances de rosé : de quoi taquiner nos papilles juste avant le déjeuner !
Changement de monture et chaussures, nous parcourons les 200 m qui nous séparent du restaurant.
A la sortie de ce repas bien sympathique, copieux et joyeux, nous partons clé en main pour une visite de l’église Notre Dame de l’Assomption, pur style gothique méridional à nef unique et chevet plat.
Construite au 14 ème siècle, elle a subi des destructions nombreuses lors de la guerre de cent ans, puis les guerres de religion. Au 19 ème siècle, l’église a été restaurée avec une voute d’ogives dont les peintures sont maintenant très dégradées.
Mais l’église de Castelsagrat est surtout connue par son superbe retable, classé à l’inventaire des monuments historiques et considéré comme l’un des plus beaux retables d’Europe. Il est dédié à St Raymond. Réalisé en 1667 en bois de tilleul, ce retable baroque est l’œuvre de Pierre AFFRE et provient de la chapelle Saint Raymond de Toulouse.
Raymond Gayrard, chanoine de St Sernin à Toulouse, est bienfaiteur pour les pauvres mais est aussi architecte notamment pour l’extension de la basilique de St Sernin à Toulouse. Dans ce retable, il est présenté en médaillon avec l’inscription « Saint Raymond le Toulousain, libérateur de la peste, priez pour nous », Il est entouré de St Sernin et de Sainte Claire.
Plus bas on admire les 4 statues de Saint Roch, Saint Paul, Saint Pierre et Saint Sébastien.
Nous terminons la journée par quelques informations et la visite libre de la bastide.
Cette bastide a été créée par Alphonse de Poitiers, Comte de Toulouse et frère du Roi Saint Louis. La charte de paréage fixant les coutumes et privilèges date de 1270. Les bastides, villes neuves répondent à une logique d’urbanisation basée sur l’importance du commerce. La création d’ilots d’habitation, avec allocation de terrains pour jardiner et cultiver et la construction de la place carrée avec les couverts permet les échanges commerciaux, la tenue de marchés, de foires….
Avec les bastides, on passe d’une verticalité du pouvoir, intrinsèque à la géographie des castrums avec un seigneur dans son château en haut et des travailleurs en bas, à une horizontalité d’échanges commerciaux pour favoriser le développement économique de la ville. A la mort d’Alphonse de Poitiers en 1271, la bastide revient au royaume de France et très peu de temps après, elle est rattachée avec sa voisine Montjoi à l’Agenais et donnée par traité au Roi Anglais Edouard 1er.
En sortant de l’église, oh surprise, le vent est tombé et quelques rayons de soleil pointent, nous pouvons admirer la place carrée de la bastide :
Son puits gallo-romain, ses maisons médiévales à couverts sur les 4 cotés, la cornière encore présente à l’un des coins (les 3 autres cornières ont été ouvertes au 19 ème siècle par favoriser le passage des véhicules).
Il fait tellement bon que certains prolongent cette journée superbe en incluant un peu de tourisme pour visiter à quelques km la bastide de Montjoi, autre joyau créé par Alphonse de Poitiers, Comte de Toulouse. En 11 ans, de 1259 à 1270, celui-ci a créé pas moins de 54 bastides dans le sud de la France.
Quel héritage et à bientôt sur les chemins du Quercy avec Randoval….
Si cela vous dit, allez voir la présentation filméé de Castelsagrat à l’adresse suivante :
https://www.youtube.com/watch?v=AF9rDEMR67w