30 mai 2021 : circuit des cazelles à Marcilhac sur Célé

C’est sur les bords du Célé, au pied des falaises calcaires que nous quittons le village de Marcilhac et son ancienne abbaye pour nous élever peu à peu sur le GR 651. Ce chemin en lacets nous offre de beaux points de vue sur la vallée. Le village, blotti tout en bas, reste un témoin fidèle de son riche passé tant sur le plan religieux qu’économique. Au VIIème siècle, le testament de St Didier, évêque de Cahors, mentionne pour la 1ère fois l’existence de Marcilhac.
Poursuivant notre ascension vers le plateau, nous cheminons entre des murets et découvrons sur la droite un véritable hameau de cazelles dans un vaste enclos en pierres sèches. Ces constructions traduisent le savoir-faire des paysans- bâtisseurs entre le XVIIIe et le XIX e s. Sauvegardées, consolidées ou restaurées, hélas parfois en ruines, elles attestent d’une activité humaine importante au cours des siècles passés. Sans doute les lopins de terre assuraient-ils une agriculture de subsistance mais aussi un élevage indispensable dans ces coins reculés du causse (pastoralisme, travail de la laine, culture du chanvre mais aussi des vignes fertilisées grâce aux copeaux de buis). Nous déambulons sur ces lieux d’une autre époque et imaginons la vie ô combien difficile qui régnait ici !
Notre cheminement sur le GR longe le plateau entre murets et chênes rabougris ; ces derniers assurent un peu d’ombre et de fraîcheur car le soleil si généreux commence à mettre le corps à l’épreuve. Bien sûr les conversations vont bon train aussi faut-il penser à se désaltérer souvent. Une petite halte nous permet de découvrir « la grotte du facteur » , une igue (aven, gouffre ) spécifique des causses du Quercy.
Après une descente longue et escarpée, nous atteignons un vallon et remontons par un chemin en balcon surplombant le superbe village de St Sulpice. Sur notre gauche, nous admirons des maisons troglodytiques, un four à pain et une fontaine creusée dans la falaise ; petit répit au frais avant d’arriver aux vestiges du château. Au XIIIe s un édifice primitif verrouillait à cet endroit la vallée du Célé. Au XVIe, cette place-forte fut aménagée par les St Sulpice mais elle fut ensuite vendue comme bien national en l’an II de la Révolution. Des bâtiments successifs, pillés et saccagés, il ne reste qu’une salle voûtée et quelques éléments de remparts. Une halte s’impose dans le village, surtout dans la petite église superbement restaurée. Nous remarquons son plan en croix latine, sa porte couverte d’un arc brisé et sa magnifique voûte en berceau où la brique se marie à la pierre.
Tous les efforts méritent récompense et nous sommes ravis de retrouver notre voiture-balai, à l’ombre, au bord du Célé . Ainsi boissons fraîches et pique- niques dans ce lieu paisible nous permettent de nous requinquer. Le soleil est au plus haut mais il faut bien reprendre nos bâtons et nos casquettes pour rejoindre le versant opposé en suivant la D73. Arrivés à Jean- Blanc, nous logeons de beaux chemins caussenards et chacun peut apprécier le calme des lieux. A un embranchement, un sentier nous conduit au dolmen de Jean-Blanc ; bien conservé, il reste un témoin du Néolithique si présent dans notre département. Nous poursuivons sur ce plateau avec la chaleur mais , au bout, surprise ! Un panorama sur Marcilhac et ses environs à couper le souffle ! Attention de ne pas trop avancer sur la pente ! Avec précaution, nous surplombons le village et le plan de l’abbaye s’offre parfaitement à nos yeux.
A présent, il ne nous reste plus qu’à descendre par des sentiers de chèvres pour atteindre la vallée et retrouver Marcilhac et son abbaye. Au Xes des moines venus de Moissac et fuyant les Normands fondèrent ici une abbaye bénédictine. Peu à peu, une communauté villageoise mit en valeur ce territoire. Au XIIes l’abbaye régnait sur 50 prieurés dont Rocamadour et elle connut une grande prospérité. Mais des périodes de troubles vinrent ensuite la fragiliser. Pendant la Guerre de Cent Ans, l’église romane et les bâtiments conventuels furent pillés ; en 1402 la famille Hébrard de St Sulpice entreprit la reconstruction et surtout érigea une église gothique sur ces lieux. Mais, attaquée par les protestants, l’église fut à nouveau mutilée et les bâtiments monastiques incendiés.
Peu à peu, la communauté religieuse connut un déclin jusqu’à sa disparition en 1790 (Révolution) ; aujourd’hui, l’église gothique de l’abbaye est l’église paroissiale de Marcilhac.
Cet ensemble architectural mérite vraiment que l’on s’y balade et que l’on s’imprègne de ces lieux que des bénévoles s’efforcent d’entretenir et de faire vivre.
Ce fut une belle journée. Nous sommes rentrés fatigués mais ravis. MERCI à tous !

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