6 et 7 avril 2024, Montauban.
MONTAUBAN
RANDO URBAINE
6 – 7 avril 2024
Jour 1.
Nous sommes 25 pour cette sortie sur MONTAUBAN dont Marilène a eu la très bonne idée au cours d’un repas d’automne randovalien. Aujourd’hui classée Cité d’Art et d’Histoire, la ville est fondée en 1144, par le Comte de Toulouse Alphonse Jourdain. MONTE ALBA, le Mont Blanc : ce nom fait certainement référence aux saules argentés présents sur le site.
Nous avons rendez-vous à 10h avec notre guide Marion dans la cour de l’ancien Collège des Jésuites. Ceux-ci arrivèrent en 1629, à la suite de Richelieu et après la reddition de la ville qui avait été jusque-là une place forte de l’église réformée. Les 400 coups de canon que LOUIS XIII infligea à Montauban durant le siège de 1621 n’avaient pas réussi à faire céder la résistance huguenote.
L’imposant bâtiment de briques abrite aujourd’hui l’Office de Tourisme et le CIAP, Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine. C’est là notre point de départ pour une déambulation dans le centre historique, vers des lieux emblématiques.
Dans un premier temps, nous passons devant la devanture bleu cobalt de la « Droguerie Couderc », véritable institution montalbanaise installée depuis plus de 140 ans dans la rue de la Résistance.
Nous nous dirigeons ensuite vers la Cathédrale Notre Dame de l’Assomption, édifiée au point culminant de la ville au lendemain des Guerres de Religion. Portant les armes du roi de France au fronton, la cathédrale marque la toute puissance de la royauté catholique sur l’ancienne ville rebelle protestante.
Nous empruntons ensuite le passage du « Vieux Palais », dont le nom fait référence au premier palais de la Cour des Aides, transféré de Cahors à Montauban en 1661. C’était un tribunal chargé de juger toutes les affaires financières, fiscales et douanières de la région. Tout proche de ce passage, se trouve un bel hôtel construit en 1835, dont la loggia se distingue par des cariatides et tout un décor moulés en terre cuite, selon la technique de la manufacture Virebent (la plinthotomie = système d’emporte-pièce permettant de mouler la glaise dans sa forme définitive avant de la cuire, sans destruction du moule).
Nous arrivons ensuite à la place du Coq, née de la destruction du principal temple protestant en 1664. La place doit son nom au coq de bronze surmontant la croix érigée sur la place. Le coq, qui annonce l’arrivée de la lumière, symbolise ici la résurrection, le retour de la lumière christique. Un signe là encore de la victoire catholique sur l’hérésie protestante !
Nos pas nous conduisent ensuite vers l’église St Jacques, exemplaire de l’architecture gothique méridionale. Durant les Guerres de Religion, elle fut transformée en tour de guet (le clocher), atelier de fabrication de salpêtre pour la poudre (la nef) et fortin (le chœur). Elle porte encore en façade la trace des impacts de boulets de canon reçus durant le siège mené par Louis XIII en 1621. Après la reconquête catholique de 1629, Richelieu y célèbrera une messe de requiem et ordonnera la reconstruction des parties ruinées de l’église.
Marion nous conduit ensuite vers un point de vue qui donne sur le Pont Vieux. Achevé en 1335, sa construction ne débuta pas aussitôt que prévue car les consuls en avaient détournés les fonds et les matériaux. La corruption n’a pas d’âge !
Notre visite se termine par la Place Nationale, l’une des plus anciennes de France, au cœur de la Cité. Haut lieu de la vie publique, elle a longtemps abrité les pouvoirs municipaux (maison consulaire) et judiciaire. On voit encore le pilori, ce poteau auquel on attachait temporairement un condamné, avec un carcan au cou, pour qu’il soit vu et conspué par la foule. La place conserve essentiellement aujourd’hui une fonction marchande, sa véritable raison d’être depuis 9 siècles. Plusieurs fois ravagée par le feu, elle fut reconstruite et achevée au XVIIIe. Les façades sont scandées par des pilastres monumentaux, et l’usage systématique de la brique témoigne de la volonté de rendre le bâti moins vulnérable au feu. Enfin, le voûtement des couverts sur croisées d’ogive dégage de magnifiques perspectives.
Il est alors 11h44 très précises, et nous nous retrouvons devant La Maison du crieur, au 2, rue Gillaque, à proximité immédiate de la Place. L’immeuble du 18e siècle est orné à l’un de ses angles d’une tête énigmatique qui semble crier. On dit que c’est là que le crieur annonçait les prix fixés des marchandises et autres annonces légales. Désormais, chaque samedi, à 11h44, en référence à la date de fondation de la ville en 1144, le crieur – aujourd’hui une charmante crieuse – annonce le programme culturel de la semaine à venir. Nous sommes nombreux à répondre à ses « oyez » par des « oyons » retentissants !
Le temps est venu de prendre notre pique-nique. Nous le dégustons au Jardin des Plantes tout proche. Avant de commencer notre périple de l’après-midi, nous faisons un petit tour dans ce magnifique parc inauguré en 1861. Se dressent là près de 400 arbres, parmi lesquels des micocouliers et un magnifique Ginkgo Biloba, l’arbre aux quarante écus, ainsi nommé à cause de la couleur doré que prend son feuillage à l’automne. Nous faisons une brève halte devant la stèle posée en souvenir des indiens Osages : en 1827, des Indiens de la tribu Osage, vivant au Kansas (avant 1803 Louisiane française), se rendent en France pour plaider la cause de leur peuple. « Pris en charge » par un imprésario franco-américain douteux, ils débarquent au Havre et gagnent Paris où ils sont montrés en spectacle. Leur « protecteur » est poursuivi par la justice et ils sont livrés à eux-mêmes. En 1829, après des mois d’errance, 3 d’entre eux parviennent jusqu’à Montauban. Ils pourront regagner leur pays grâce à la générosité des montalbanais. Le 22 juillet 1992, la ville de Montauban donne aux tribus Osage et Cherokee une parcelle de terre du Jardin des Plantes.
Nous voilà partis pour une déambulation qui va nous faire découvrir quelques œuvres de « street-art » particulièrement imposantes, à commencer par le portrait d’Olympe de Gouges, native de Montauban, et auteure de la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ». L’œuvre que nous découvrons ensuite rue Fourchue, a de quoi faire rêver tous nos garçons. C’est « La Source », le fameux tableau d’Ingres transformé en une immense fresque de 15m de haut, où se détache, sur un fond bleu et pourpre, le corps d’une jeune fille revêtue d’une simple petite culotte en vichy…Nous nous dirigeons ensuite vers le Quartier Villebourbon qui abritait au 17e siècle de nombreuses industries, tuileries, minoteries et teintureries. Le long du quai sont alignés de grands hôtels particuliers construits aux 17e et 18e siècle par de riches négociants du textile qui exportaient, notamment vers le Canada, le fameux tissu de laine « le cadis ». Une échelle de crue visible sur le quai rappelle l’inondation de 1930 : les eaux montèrent à 11,50 m au-dessus de leur lit inférieur ! Le quartier détruit a été reconstruit et modernisé. En témoigne le Marché Couvert, inauguré en 1935. L’architecte a utilisé le béton armé associé au verre pour construire un édifice lumineux et fonctionnel, une vaste nef de 24m de long sur 12m de large. C’est aujourd’hui un lieu de spectacle et un café où Randoval nous offre un pot convivial pour terminer la balade.
Nous gagnons notre hôtel et parachevons cette journée en partageant un repas sympathique dans une trattoria de bon aloi ! Une bonne nuit nous attend ! A demain pour d’autres aventures !
Jour 2.
En ce dimanche 7 avril, le ciel de Montauban reste obscurci par des poussières de sable en suspension, venues du Sahara. Mais cela ne nous empêche pas de suivre notre programme en commençant par la visite du Musée INGRES – BOURDELLE, à 10h.
C’est un lieu où l’histoire s’est manifestée par épisodes successifs : au début les Comtes de Toulouse font bâtir un château au bord du Tarn dès le XIIe siècle. Plus tard, à la suite du traité de Brétigny en 1360, la ville est offerte aux Anglais et le Prince Noir, fils du Roi d’Angleterre, décide d’élever un fort sur les ruines du château initial. Les anglais quittent Montauban en 1369, le château inachevé est abandonné. Position fortifiée pendant les Guerres de Religion, après la capitulation de la ville en 1629, le lieu est choisi pour y établir le palais épiscopal. Confisqué en 1790 comme bien national, la municipalité y installe l’Hôtel de Ville, une école de dessin, la bibliothèque municipale et un premier musée en 1820. L’important don que Ingres fait de ses œuvres en 1843 va déterminer la vocation du lieu : après déménagement de la Mairie et de la bibliothèque au début du XXe, le musée Ingres investit l’intégralité des espaces. Rénové depuis peu, c’est désormais un écrin pour les œuvres du Maître présentées au 1er étage. Ses grandes compositions témoignent de l’influence de l’Antiquité et du peintre Raphaël sur son art. Et c’est au sous-sol que l’on découvre les vestiges de la place forte du XIVe, avec la salle du Prince Noir, occupée aujourd’hui par une installation dénonçant les ravages que l’humain impose à la nature…
A la suite de cette visite, nous nous retrouvons tous pour un repas à la mode indienne. Après cette agréable pause en terrasse, nous gagnons le Muséum d’histoire naturelle Victor Brun.
Le muséum, qui ouvre en 1854, est né de la volonté d’un groupe de généreux érudits de mettre à la disposition de leurs concitoyens les collections d’oiseaux et de mammifères qu’ils ont réunies. Victor Brun en sera le premier conservateur. Nous passons là un moment hors du temps, parmi une multitude d’oiseaux de toutes sortes (1500 exposés, et 1500 dans les réserves), d’insectes, de papillons, d’animaux d’ici et d’ailleurs (dont un ornithorynque), tous superbement naturalisés. Autres curiosités : des fossiles de phosphorites du Quercy, des météorites, dont celle d’Orgueil, tombée sur ce village du Tarn en 1884, des minéraux, des coquillages …. Tout un monde figé à jamais qui nous parle de notre planète et de son devenir. Notre groupe va se laisser prendre par toutes ces merveilles, de telle sorte que nous déciderons d’écourter la randonnée prévue autour du village de Piquecos, à une quinzaine de kilomètres au nord de Montauban. Arrivés là, nous découvrons le magnifique point de vue qui s’offre à nous. Mais les Pyrénées restent invisibles car la brume diffuse est toujours là. Nous nous dirigeons ensuite vers le Château de Piquecos, qui a reçu quatre rois de France. En 1463, le roi Louis XI y réside et participe à des grandes chasses. En 1542, François Ier s’y installe une quinzaine de jours. Le futur roi de France, Henri de Navarre, y passe une nuit et pendant les rebellions huguenotes, en 1621, Louis XIII loge au château durant le siège de Montauban. Ce château de briques domine fièrement l’Aveyron vers lequel nous descendons en quittant le village. Nous terminons notre périple par une traversée à gué de la rivière.
C’est le moment de se quitter, après ce bon moment de découvertes et de partages.
Quelle sera la prochaine étape de nos randonnées urbaines ?