9 mai 2024 - Marminiac.
Sur les hauteurs de Marminiac :
En ce matin printanier, nous sommes 26 Randovaliens qui nous retrouvons dans ce petit village de Bouriane pour découvrir ces paysages champêtres et boisés. Nous quittons ce bourg jadis situé sur la voie romaine reliant Cahors à Périgueux par de petits chemins, nous arrivons dans un vallon où nous enjambons le ruisseau de la Masse . Aussitôt le sentier grimpe vers le causse et débouche sur le plateau ; nous atteignons les Cazettes ; d’imposantes bâtisses attirent nos regards. Plongeant vers les Combes de Bru, nous empruntons de beaux chemins sous les jeunes ramures des chênes. Nous voici en contrebas de Boissiérette. Près d’un petit étang se dresse une statue de pierre ; ce lieu semble magique !!! Nous nous trouvons sur le domaine de la famille Bissière ; des explications s’imposent pour évoquer cette lignée d’artistes.
Roger Bissière né à Villeréal (47) en 1886 suit des études aux Beaux Arts de Bordeaux puis devient journaliste à l’Opinion pour gagner sa vie. Il publie dans l’Esprit Nouveau des études sur Seurat, Ingres, Corot , Braque… L’art roman et le Cubisme ont été pour lui source d’inspiration. En 1938, avec son épouse « Mousse » il s’installe à Boissiérette qu’il ne quittera plus jusqu’à sa mort en 1964. Avec sa femme, il réalise des tentures murales multicolores ; il crée des vitraux (Metz, Suisse) et multiplie les techniques ( peinture à l’œuf, œuvres sur tuile ou sur bois, lithographies…) Grand Prix national des Arts en 1952, Roger Bissière est considéré comme l’artiste emblématique de l’Ecole de Paris contemporain.
Son fils, Marc- Antoine Bissière ( 1926 – 2012) connu sous le pseudonyme de Louttre. B commence son apprentissage de la peinture très tôt avec son père « dos à dos » dans le même atelier. En 1949, installé à Paris, il réalise des peintures non figuratives et des gravures sur bois et sur linoleum .Lors de fréquents séjours dans le Quercy ( 1962 – 1967 ) son intérêt se déplace des objets les plus proches vers les choses du dehors. L’arbre apparaît de plus en plus dans ses toiles ; il introduit peu à peu des photos découpées dans les magazines, collées et intégrées dans la composition du tableau. Dans les années 1989 – 1992 les sables mêlés aux pigments agrémentent ses œuvres. Graveur, sculpteur et peintre, Louttre .B expose à Paris, aux Pays- Bas , au Luxembourg, au Danemark , en Allemagne ,en Suède, en Suisse.
Nous gravissons le sentier qui monte vers Boissiérette, ancienne paroisse unie en 1455 à celle de Marminiac. Sur la droite, nous découvrons la villa Dominique réalisée par Louttre .B : ses murs couverts de fresques et de motifs décoratifs des plus originaux, le sol en pisé ainsi que le vitrail en culs- de- bouteilles éveillent notre curiosité. A la sortie du sentier nous nous attardons face au « champ de pierres ». Plus haut, à proximité de la belle maison Bisssière , nous avons la chance de contempler la chapelle familiale décorée avec une recherche toute particulière par cette famille d’artistes. Après ces moments de contemplation, nous nous dirigeons vers les silhouettes imposantes de pierre et de béton érigées par Louttre. B dans un cadre naturel remarquable ; ces œuvres uniques « ne sont ni négociables ni déplaçables, seulement conçues pour ce lieu ». Comme il est difficile de quitter un tel endroit chargé d’Histoire et d’Art ! Mais il faut reprendre le chemin …
De vallons en coteaux, nous accédons au plateau calcaire et caillouteux au niveau du lieu- dit « Maradène » puis nous rejoignons la tour d’Hugot pour prendre la direction de Pouchou. Ces paysages ouverts dévoilent de larges horizons et des étendues de prairies et de champs cultivés. Soudain, sur la gauche, un sentier pentu s’ouvre devant nous, bordé par une clôture protégeant une truffière. Arrivés dans la vallée, nous franchissons la Masse juste naissante pour rejoindre Marminiac au niveau du lieu- dit Mourlanes. Paisiblement nous retrouvons ce beau village aux pierres couleur ocre et aux vestiges remarquables , à savoir la tour des Anglais du XIIIème siècle, vestige d’un château fort, l’église romane St Vincent, la halle, le château des Bonafous… Si ce bourg a subi les assauts des Anglais pendant la Guerre de Cent Ans, il mérite que l’on y déambule afin d’y dénicher ses moindres richesses…
Grâce à un temps ensoleillé, chacun a pu profiter de ce petit coin de Bouriane où il fait bon vivre. Merci à tous et à bientôt sur les chemins …