St Sauves - 1/10/2023 - G1 - de Savennes aux gorges du Chavanon.

Nous sommes 22 pour cette randonnée de 16 kms et un dénivelé cumulé de 425 m autour du village de Savennes en limite avec la Corrèze, pour une randonnée qui nous fait plonger dans les gorges sombres du Chavanon, affluent de la Dordogne.
Savennes est un petit village de 93 âmes où il est difficile de faire stationner nos 6 véhicules. Grâce à la complicité d’un charmant habitant occupant le logement au-dessus de la mairie, nous pouvons entreposer nos véhicules dans la cour fermée de la mairie, anciennement école communale.
En suivant la D31, nous dépassons le hameau de Feix avant de nous engager sur un large chemin carrossable dans le bois de la Trapperie, admirant au loin les superstructures du viaduc de Chavanon qui nous rappellent que la civilisation est à nos portes.
Obliquant à l’ouest et descendant cette sente dans une magnifique hêtraie non encore parée de ses couleurs automnales, nous traversons le Chavanon et arrivons à la gare de Savennes - Saint Etienne aux Clos en pénétrant en Corrèze.
De là, direction sud, nous longeons la rivière en empruntant le tracé de l’ancienne voie ferrée qui reliait Eygurande-Merlines à Bort les Orgues et dont la moitié sud a été totalement noyée par le lac du barrage de Bort.
Cette ligne ouverte en 1882 faisait partie d’un projet plus important allant de Bourges à Miécaze . Elle a été fermée en 1950 à la suite de la mise en eau du barrage de Bort entrainant l’inondation de la vallée. Le tracé de la ligne empruntait, au sud de la gare d’Eygurande-Merlines la rive gauche de la vallée du Chavanon jusqu’au lieu où la rivière se jette dans la Dordogne près du pont d’Arpiat.

Après 2 kms le long de la rivière classée site Natura 2000 notamment pour la moule perlière et la loutre d’Europe, nous arrivons à la forêt sectionale de Froides Maisons et au tunnel éponyme.
Long de 132 m et conçu pour recevoir deux voies, comme tous les autres ouvrages de cette ligne qui se voulait l’une des pénétrantes nord du Massif Central, il n’en a reçu qu’une, le trafic espéré n’étant jamais venu au rendez-vous. Le parement de sa galerie a mal résisté aux rudes conditions climatiques de l’endroit. De nombreux éboulements doivent être contournés avec un minimum de prudence.
Il est interdit à la circulation piétonnière, afin également de respecter l’habitat de nombreuses espèces de chauves-souris qui ont choisi ce lieu d’hibernation.
19 espèces ont été recensées constituant la plus importante diversité pour ce groupe dans un site Natura 2000 en Auvergne. Aujourd’hui, 13 espèces différentes ont été identifiées sur la vallée principalement en période hivernale avec un effectif maximum de 140 individus. La barbastelle représente l’espèce la plus représentée (plus de 70 % des effectifs).
Pour contourner le tunnel, nous descendons un sentier abrupt qui longe la rivière dans une zone inondable éclairée par des rais de lumière automnaux avant de reprendre le tracé de la voie jusqu’à un pont biais en pierre sur le Chavanon.

Pour les architectes en herbe, un pont biais est un pont disposé en oblique par rapport à la voie (fluviale, ferrée ou routière) qu’il franchit. Dans le cas d’un pont de pierre, un tel ouvrage représente un beau morceau de bravoure pour l’architecte qui le conçoit, ainsi que pour le tailleur de pierre, car l’angle droit y est pratiquement proscrit.

Puis nous continuons sur une sente surplombant la rivière, remontons la hétraie par un chemin partiellement pavé pour arriver au hameau de la Randonnière où les randovaliennes et randovaliens en rang d’oignons s’arrêtent sur de magnifiques sièges improvisés pour la pause méridienne.

Les forces reconstituées, nous traversons le hameau paisible avant d’être interpeller par une construction en bois très originale en cours d’édification. Un coup d’œil au permis de construire nous apprend qu’il s’agit d’un observatoire de la Fédération départementale des chasseurs du Puy de Dôme pour écouter le brame du cerf.

Interrogation levée, nous descendons vers la rivière, le moulin de Bardoire et les vestiges du passé monastique du lieu, quand nous sommes surpris par des bruits rauques et répétés qui emplissent la vallée, même les mal-entendants (ils se reconnaitront) de notre groupe sont frappés d’étonnement, le brame des cerfs n’est pas un mythe.

Revenus de nos émotions nous continuons notre descente atteignons le ruisseau Caquot avant bien entendu, d’entreprendre une remontée, en pente douce, vers le village de Savennes après un périple de 5h 30 dans un paysage sauvage et à l’abri de la forte chaleur qui se manifeste à notre arrivée.